La constellation OneWeb ou Internet pour tous
Le 27 février 2019, une fusée Soyouz décollait du Centre Spatial Guyanais pour placer en orbite à 1000km les 6 premiers satellites de la future constellation de OneWeb. Cette société, créée par Greg Wyler, l’homme derrière la constellation O3b dont on parlait il y a peu, a pour objectif de fournir d’ici 2022 une connexion internet à haut débit dans les régions du monde qui ne sont actuellement pas desservies. Selon Internet World Stats, ce sont pas moins de 3,4 milliards de personnes qui n’ont pas accès à internet à la fin de l’année 2018, soit plus de 44% de la population mondiale.
Pour mener à bien cet objectif, la société américaine doit encore envoyer 648 satellites pour former la constellation éponyme, qui sera la plus grande jamais créée, les constellations actuelles n’étant composées que de quelques dizaines de satellites1. Ainsi, c’est Arianespace qui sera chargée de mettre en orbite ces satellites, à coup de fusée Soyouz capable d’en transporter 32 à la fois. C’est donc une série de 21 lancements, tous opérés à Kourou, qui vient de débuter, et qui devrait s’achever d’ici 2021. OneWeb sera aussi le premier client de la future Ariane 6, qui participera en 2020 à la mise en place des satellites. Plus tard, il est même envisagé d’agrandir davantage la constellation pour atteindre 2000 satellites.
Mais le projet présente un risque financier important. Le réseau, coûteux à mettre en place, n’effectuera d’entrées financières que plusieurs mois voire années après. Pourtant, cela n’a pas empêché certains groupes, visiblement intéressés, de financer partiellement le projet. Le groupe de télécommunication japonais SoftBank a ainsi versé 1 milliard de dollar, ce à quoi s’ajoutent les 200 millions de dollars provenant des investisseurs de OneWeb, parmi lesquels figurent, entre autres, Qualcomm Inc., Virgin Group et Airbus Group.
Pour réduire les coûts du projet, OneWeb et son partenaire Airbus Defence & Space ont créé la coentreprise judicieusement appelée Airbus-Oneweb-Satellite, qui se chargera de la production en série des satellites pour tenter de réduire leur coût à un 500 000$ unité. La première chaîne d’assemblage a été ouverte à Toulouse et doit créer les 10 premiers satellites pour valider le procédé de production. Si l’utilisation des procédés d’industrialisation permet de réduire le coût du projet, elle permet aussi de réduire la durée nécessaire de production. L’objectif de la coentreprise est d’assembler entre 40 et 60 satellites par mois, soit environ 2 satellites par jour, cadence jamais atteinte auparavant. Dans une ère où les satellites sont le plus souvent faits à la main, c’est un véritable bouleversement pour l’industrie spatiale.
1 Le projet en cours Starlink de SpaceX, qui espère envoyer 12000 (!) mini-satellites d’ici le milieu de l’année 2020, est un sérieux concurrent à OneWeb.